samedi 5 janvier 2008

Tokyo 07, J11





JEUDI 24 AOUT 07




Ce matin, départ à 9h45 pour le Kabuki-za Theater! Le kabuki est un type de théâtre traditionnel, joué uniquement par des hommes cette fois, comme le nô. Je ne fais pas bien la différence entre le nô, le kyogen et le kabuki, le nô étant en principe plus savant, le kyogen étant un nô populaire, et le kabuki encore plus populaire??? En tous cas le dans le kabuki les acteurs ont un maquillage très élaboré (dans le nô et le kyogen ils portent des masques) et je crois que la principale différence est dans les sujets abordés; les musiques également sont différentes, le kabuki a son propre type d'orchestre comme j'y ai fait allusion dans ma note sur le riûteki, flûte de kabuki. Je vous renvoie à wikipédia d'où est tirée la photo suivante, pour de plus amples informations!




L'acteur de kabuki Otani Oniji II dans le role de Yakko Edobe, de Toshusai Sharaku, 1794:


28be6eb2d4b00227d1b63a8dbeaf2952.jpg


Le bâtiment déjà est bien particulier, d'autant plus qu'il est coincé entre des immeubles modernes.






4ee70d31e5c3f7691971f9b400ee5010.jpg



d161605c680f6b1e8f6299c319e31922.jpg



L'intérieur fleure bon son antiquité boisée, et nous avons deux places dans la première loge!



La scène et son rideau:



53a8c4f8fd15bd74ff1f60ffcfc4e50f.jpg


La salle en cours de remplissage (ce sera complet):



4fba768cb7340f7a23e37f99f1653f0c.jpg



La loge: entrée avec guéridon de bois laqué; puis un rideau de velours rouge; après le rideau, un tatami surélevé avec deux coussins et deux dossiers amovibles et souples, et un espace creu devant pour les jambes. On peut donc s'asseoir soit en traditionnel (à genoux), soit en moderne (assis comme sur une chaise). Le bord de la balustrade fait table, et une thermos d'eau chaude avec deux verres en carton comportant un système d'infusion pour le thé (vert of course) nous attendent. Bois, velours. De l'autre côté de la salle il y un chemin d'entrée de scène surélevé qui va du fond de la salle jusqu'à la scène: le "chemin des fleurs", comme pour le nô, et qui permet aux acteurs d'entrer lentement.



Acteurs sur le chemin des fleurs, donc au milieu de la salle. Les loges d'en face de la nôtre s'arrachent à prix d'or car on peut voir les vedettes de tout près!



029224207d0854b1086d005aae652574.jpg


Nous (Jean-Louis et moi) sommes à la représentation d'onze heures: il y en a deux autres, à 14h45 et 18h, et le tout forme le "Grand Kabuki". Je crois que certains spectateurs y passent la journée?



La première partie (de notre première partie, donc) est une pièce uniquement parlée, les effets sonores et musique sont enregistrés. C'est une histoire compliquée d'amour entre un souffleur de verre et une servante-princesse, mais celle-ci doit épouser le gouverneur anglais (moche et ridicule comme il se doit), et il y a un frère révolté, et tout et tout. Même avec le synopsis sous les yeux j'ai du mal à suivre!



La princesse et le souffleur de verre dans son atelier:



00495602f041278261fb528fa54f92f6.jpg


Haru qui pense à tout nous a commandé un "pique-nique" pour l'entracte, qu'on nous dépose discrètement sur le guéridon d'entrée de la loge en temps et heure idoines. A l'entracte donc, tout comme au Takarazura, tout le monde déballe sa boîte-repas, dite bento, apportée ou commandée ou achetée sur place, assis à sa place dans la salle, ça fait vraiment drôle! Et que je te tricote des baguettes dans les petits casiers... Frérot et moi avons une version luxe dans une boîte en bois laqué, pleine de petits trucs très bons, et de riz chaud. Dans la salle, il y des boîtes de toutes formes géométriques, et toutes divisées en petites cases avec des mini portions, mais au final ça fait des repas tout à fait suffisants! J'imagine la même chose en France, le dépotoir que serait la salle après l'entr'acte! Ici non, tout disparait proprement dans les petites boîtes, et en route pour la suite.



aa3006ce0f82a200d1b0a06e6e467a2e.jpg


Deuxième partie: une histoire-prétexte avec beaucoup de morts, beaucoup de danses et les (très) longs cheveux noirs d'une femme coupés, ce qui semble être pire que la mort. Comme pour la première partie, le héros met un temps fou à mourir en se faisant hara-kiri et continue à chanter et à déclamer sans problème, on se croirait dans un opéra de Verdi! Et ça hurle à la mort dans tous les coins, il faut dire qu'une petite armée se fait mettre en pièces.



C'est chouette comme tout, surtout que cette fois il y a des vrais musiciens sur lesquels j'ai la meilleure vue puisque ma loge est quasiment au bord de la scène et à la même hauteur! Je vois même leurs partitions: elles sont écrites en très gros, sans doute car on n'y voit goutte.



Ils sont installés sur trois niveaux: de haut en bas, une rangée de 4 shamisens, une de 4 chanteurs, et au niveau du sol le flûtiste de rigueur et ses 3 percussionnistes. Il y en aura d'autres, épisodiques et planqués dans les coulisses: orgue à bouche, koto, gong...



e4bc5154a6d206ba557a6db8c219c5f4.jpg



571b7541726213760d195144bfadc5bf.jpg



Après la représentation nous rentrons à la maison et là ce sont les préparatifs pour la party organisée par Jean-Louis et Haru: comme ils ne m'ont pas trouvé de spectacle de danse traditionnelle, ils ont invité une amie à eux qui pratique cet art et va se produire chez eux, devant une dizaine d'invités. En fait ça leur a donné beaucoup de travail parce que Noe, la danseuse, a besoin de pas mal de choses pratiques: espace, éclairage, rideaux, sono... et une chambre pour se préparer avec coiffeuse et grand miroir... Fumi, son mari et son fils sont arrivés pour aider à la préparation. Noe danse admirablement. Il fait très chaud et la pauvre dégouline sous son kimono traditionnel. Eventail, ombrelle, masques, elle nous propose un spectacle complet en deux parties.



c6552a60445230a6895419b99e9689e5.jpgdd46af5c6e19960988d9a0c8122df3a4.jpg


Je lui assure l'entracte (elle doit se changer et c'est pas une mince affaire) à la flûte (traversière occidentale, hein, hé ho!) en jouant deux pièces françaises: Marin-Marais et Debussy. Plutôt pas mal je pense, sauf quelques sons graves difficiles pour cause de patinage dus à la chaleur!






b5be2ba6147d31a5af4e8315fa2f2877.jpg


Ensuite les bento arrivent (eh oui, on peut en manger chez soi aussi!), et la soirée se poursuit en parlant français, anglais et japonais. C'est très sympa, il y a là des personnes bien intéressantes. J'ai en particulier un échange très touchant avec Yuki (ma petite prof de gagaku de la veille) qui me parle de mes musiques (je lui ai offert un CD) et de sa vie à réorienter.






648657bc5f9fb7a3c162ae747a546ecf.jpg



Il faut presque mettre les gens dehors, pourtant il n'y a pas de saké! En fait ce genre de soirée, c'est-à-dire être invité chez quelqu'un, se fait très rarement ici et les invités ne savent pas quand il est de bon ton de partir... donc ils restent! Jean-Louis s'en sort en remerciant tout le monde à la cantonade et en leur souhaitant bon retour, ce qui est très bien pris alors qu'en France ce serait un peu malpoli. Il m'avoue après qu'il a dit aussi que j'étais très fatiguée... Nonmého! Mêm'pavré!





ef4a8a30d94ec2629fcd7faa4117fd54.jpg

62b61a4a71d878f24f2672d171213398.jpg


J'aime bien ces deux dernières photos où on voit (en haut) Haru et une amie s'apprêtant à boire une tasse de thé, et (en bas) Yuki buvant, dans une pose féminine typiquement japonaise: on tient la tasse d'une main par en-dessous et l'autre main tient le bord opposé: quand on boit cette main vient cacher la bouche. Je trouve ça furieusement classe et je me suis surprise à faire pareillement moi-même, c'est trop joli.




Je me couche heureuse mais tout à coup le coeur serré: plus qu'un jour, je repars après-demain!


(...à suivre)








Aucun commentaire: