mardi 25 septembre 2007

Tokyo 07, J5: Noh Theater

Illustre la note suivante!

Tokyo 07, J5


Vendredi 17 août: il fait toujours plus de 35°, mais bravant chaleur, sueur et soif, j'assume le programme prévu: visite des principaux jardins de Tokyo. Sauf le dernier, parce que trop c'est trop tout de même!


Rikugien: le jardin des 6 poésies! Typique de la période Edo, ce jardin représente les 88 miniatures décrites dans le Waka (poésie classique classifiée en 6 catégories). Bien sûr l'essentiel du comment et du pourquoi m'échappe, mais le jardin est splendide avec ses petites îles, ses chemins serpentant sous de magnifiques et immenses arbres, ses petits ponts de bois, ses tortues, ses maisons de thé d'un autre temps.



Hélas je n'avais pas vu que le réglage de mon appareil photo n'était plus sur "auto" mais sur je ne sais quoi qui fait que mes photos sont vertes, glauques, striées, bref, ratées. Je vous en montre quand même une ou deux...



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Ci-dessus ma guide Kiriko, étudiante en français !!! Nous avons parlé un mélange terrifiant de français, d'anglais et de japonais avec gestes pour aider... sa prononciation du français était incompréhensible pour moi, et la mienne pour elle: il a fallu mettre tous les verbes à l'infinitif, beaucoup user du traducteur de poche et faire beaucoup de gestes. Elle a paru très surprise de l'étendue du désastre alors qu'elle allait partir une semaine en France en septembre!


Mais bon, on a bien rigolé.



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Voici un thé, vert, moussu et glacé à souhait, avec des "gâteaux", c'est-à-dire des petites boules faites de pâte d'haricot rouge sucrée entourée de... euh... gluten de blé? C'est très bon, si si. On oublie vite le goût du sucré ici: c'est l'antipode des pâtisseries orientales! En tout cas on peut y aller sans crainte pour la ligne, d'autant plus que les portions sont plutôt congrues en général....

Ensuite nous prenons un taxi pour le jardin botanique de Jindai. Le chauffeur de taxi s'emmêle les crayons et se trompe de jardin. Et il fait ce que bien peu de chauffeurs de taxi français feraient avec une petite jeune fille et une étrangère qui ne comprend rien comme clientes: il bloque son compteur et repart dans l'autre sens! Nous ne paierons que le forfait de prise en charge (660 yens). Je remarque aussi son absence totale de morgue, de mouvement d'humeur, de supériorité, de haussement de sourcils ou quoi que ce soit. Il parle calmement avec Kiriko d'égal à égal sans lui faire sentir qu'elle est une jeune fille, sans regard appuyé ni rien de ce à quoi nous sommes trop habituées, nous autres françaises. Mais pourquoi les japonaises aiment-elles tant la France, même après en avoir expérimenté tous les aspects désagréables?


Au jardin botanique de l'Université, Kiriko m'emmène tout droit vers le "pommier de Newton", en fait un petit pommier bien banal mais "descendant de celui de Newton", et sans une seule pomme en plein mois d'août ce qui n'a l'air de choquer personne. Tout le monde le photographie, pas moi. Pffeuh!

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Nous déambulons longuement mais il fait très chaud, ce n'est pas la meilleure saison pour les floraisons et les arbres magnifiques sont tellement grands que les photos (j'ai remis le réglage sur "auto") sont à nouveau nulles. Ce qui d'ailleurs est un problème partout à Tokyo: les arbres sont immenses et magnifiques, les photos ne donnent pas grand chose! Donc je regarde, je regarde, je regarde. Ci-dessus: des bambous, bien sûr!

Nous décidons de faire l'impasse sur le troisième jardin prévu (le jardin impérial), ce qui arrivera d'autres fois: je suis repartie sans l'avoir vu! Je ne pense pas que ce soit bien grave.

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Et donc nous partons au musée d'Edo. C'est un musée tout neuf (?), d'architecture moderne, et qui retrace le passé d'Edo (l'ancien nom de Tokyo). J'ai beaucoup aimé. Ce musée contient des reproductions grandeur nature d'une maison traditionnelle, d'un théâtre de Kabuki, et au dernier étage, du pont d'Edo sur la Sumida: "Nihonbashi" (=pont japonais), construit en 1603, détruit et reconstruit plusieurs fois, et qui relie là deux mezzanines du musée en passant au-dessus de la salle d'expo de l'étage inférieur, celui où il y a les bâtiments grandeur nature justement. Remarquable.

Tout le musée regorge d'objets traditionnels classés par catégorie d'activités, de maquettes, de scènes reconstituées, c'est d'une richesse historique incroyable. Je n'ai pas eu assez de temps pour tout visiter et je le regrette beaucoup.


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Ci-dessus: une petite partie de la maquette d'Edo, avec Nihonbashi que l'on retrouve aussi dans nombre d'estampes.


Puis nous partons à la rencontre de Jean-Louis à une station de train-métro juste devant une sorte de grande halle des sports:

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Des groupes d'enfants en sortent en tenue de sport: chaque groupe a son uniforme et reste bien groupé, ils forment des queues calmes devant chaque portillon de métro, ça fait joli: premier portillon avec les blanc/rouges, deuxième avec les bleu/blanc, troisième avec les vert/... etc... C'est un spectacle peu familier pour moi!

Par contre nous cherchons un coffee-shop non enfumé et ça s'avère difficile: nous nous retrouvons dans un salon de thé chicos et trop climatisé, avec nappe et serviettes de coton blanc ainsi que les gants du serveur, et café tarabiscoté: petit plateau, crème comme ci, crème comme ça, on n'en demandait pas tant surtout pour le tarif...

Nous faisons nos adieux à Kiriko et nous dirigeons vers le National Noh Theater:

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C'est un endroit magnifique, bâtiment moderne dans un jardin très japonais. Ci-dessous, la salle. Toutes les scènes de théâtre sont construites comme ça: la scène fait comme une maison ouverte, et il y a sur le côté une longue rampe couverte où les acteurs font leurs lentes et longues entrées. Sur le balcon à droite se tiennent les musiciens: tambours variés, chant, flûte. Au fond se tiennent deux (en général) musiciens-chanteurs (ça ressemble plus à des cris qu'à des chants) et un type qui surveille si tout se passe bien, immobile et à genoux. C'est lui qui va éventuellement bouger des éléments du décor, ou plutôt l'élément unique du décor, et intervenir si la ceinture de l'acteur se dénoue ou autre incident.



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Les entrées et les sorties des acteurs et musiciens se font dans le plus grand silence et très lentement, les applaudissement sont toujours courts, sans rapport avec l'appréciation du public: à ça aussi il faut s'habituer!


Dans cette salle moderne, un petit écran est intégré dans chaque dossier où on peut suivre la traduction en temps réel, en japonais ou en anglais. Oui, en japonais aussi car les textes sont en japonais ancien, difficile à comprendre.


J'assiste donc à un Kyogen de 20mn, sorte de Noh plus "populaire" et "amusant" (mais on est bien loin du théâtre de boulevard!) et après un entracte, à un Noh traditionnel, pas très long (1h40?). Les horaires de début et de fin sont indiqués très précisément dans le programme, et respectés! La représentation débute à 18h30, ce qui est la norme là-bas, ce qui me semble très appréciable, d'autant plus qu'on a le droit de manger dans la salle pendant l'entracte! A ce moment entrent en scène les repas en boîte, très jolis et très efficaces. Et le retour à la maison se fait à une heure raisonnable.


Le Noh, eh bien... c'est pour le moins surprenant pour une première fois. Une petite illustration valant mieux qu'une grande explication, voici une vidéo trouvée sur You Tube qui me semble assez parlante, bien que la scène filmée soit particulièrement dansée et animée par rapport à ce que j'ai vu.



La vidéo se trouve sur la note suivante (donc en haut, faut suivre, là un peu!) parce que je ne sais pas la rapatrier ici et j'en ai raz-le-pompon de ces micmacs compliqués pour arriver à mettre des sons chez blogspot, des vidéos chez blogspirit, 'peuvent pas se donner le mot pour nous simplifier entièrement la vie?


Ce qui me surprend le plus en fait, c'est la superposition et l'autonomie des groupes: d'une part les musiciens qui créent l'ambiance de fond, et d'autre part les acteurs qui dansent et/ou parlent. Chaque groupe agit sans s'inquiéter d'intervenir en même temps que l'autre, ou pas.


Quant au style, à la manière de déclamer, de chanter, à la lenteur, eh bien sans parler de vraiment comprendre, l'habitude est vite prise, passée la première pensée pour le fou-rire qui prendrait un groupe de spectateurs occidentaux non prévenus! Il y a dans la salle des gens qui connaissent la moindre réplique, le moindre "air" par coeur, comme chez les amateurs d'opéra. Il y en a aussi qui piquent du nez, ce qui n'est pas du tout source de honte! Toute une éducation...



Moi j'ai bien apprécié, j'ai même acheté un DVD en sortant. Rentrée à la maison j'en ai écouté un partie: c'était déjà moins évident. Quant à expliquer à Christian ce que j'aime là-dedans...

(...à suivre)






jeudi 20 septembre 2007

Tokyo 07, J4 (2)

Foule, grands immeubles, enseignes lumineuses géantes... C'est le Tokyo que tout le monde connaît. Là, aux croisements des grandes avenues, il y a des passages pour piétons marqués de rayures blanches tout autour du carrefour comme en France, mais en plus deux grands en diagonale! Et à un moment, le feu est rouge pour toutes les voitures et tous les piétons sagement massés sur les trottoirs traversent en même temps dans tous les sens, ça fait des croisements de foules impressionnants.


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Et voici un cinéma, avec le dernier Harry Potter en japonais!


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Nous mangeons dans un fast-bouiboui local, des sobas pour changer, dans une atmosphère glacée par la clim. C'est dans ce quartier qu'a lieu un concert du groupe d'amis d'Abe, dans une toute petite cave style cabaret. Et nous voici à écouter une auteur-compositeur-interprète qui chante en s'accompagnant au piano (électrique Yamaha) des chansons d'amour dans le plus pur style variétés françaises des années 70;


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un guitariste/chanteur qui fait dans le folk/bossa


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sur son tablier, son nom "francisé": il s'appelle Taburo, ce qui en gros se prononce "tableau".


;...et enfin le groupe d'Abe: shakuashi, shamisen, chant et percussions dans un style variétés/perso assez étonnant, entre autres un morceau français du XIIIème siècle recomposé et un très étrange arrangement d'El Condor Passa plus Fujiyama que cordilière des Andes!


Je vous mettrai la vidéo quand j'aurai trouvé un logiciel pour la découper, ou mieux: un moyen pour pointer sur un FTP (ces jours-ci c'est mon combat, non résolu pour l'instant), parce que là je n'arrive pas à la transférer, il y a toujours une "erreur" quelque part ... En attendant, ces photos:

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Bref, un aperçu sympa de ce qu'aiment les jeunes musiciens japonais: chansons d'amûûr comme partout, amériques, europe. Mondial!


(...à suivre)

lundi 10 septembre 2007

Tokyo 07, J4 (1)



"Prière pour obtenir la "paix du coeur" par la lumière de la sagesse du Bouddha."

Sauf que chez Blogspot on ne peut ajouter simplement un fichier son, alors il faudra attendre que je trouve une solution...



JEUDI 16 AOUT



Ce matin, grasse matinée. En fait j'ai dormi de 23h à 3h, puis de 6h à 8h. Je suis en forme!



Petit déj avec Jean-Louis: chez eux il s'agit toujours d'un vrai repas avec salade composée, oeuf coque, mais aussi café ou thé et tartines;



Matinée à la maison: lessive, rangements, je m'entraîne au shakuachi, et je vérifie que je sais toujours jouer de la traversière... J'arrive à lire mes mails avec le Mac d'Haru et à en envoyer mais le clavier personnalisé est bizarre, c'est pas bien rapide! Mon PC refuse toujours de se connecter à internet par le réseau, pourtant actif, de Jean-Louis, dommage.



Repas chez eux, puis nous partons à 12h45 rencontrer maître Fujiyoshi Etsuzan (extrait d'un de ses CD ci-dessus), shakuachiste renommé. Un de ses élèves étant français, voici son site avec traduction française!



En cherchant le lieu de rendez-vous, dans un quartier central moderne, nous tombons, juste à côté d'une avenue de gratte-ciel rutilants, sur une enclave silencieuse avec arbres et sans goudron, mais avec portiques et temple, bien vieillot et charmant. Devant chaque temple il y a une allée avec au moins un portique à l'entrée de l'allée et un à l'entrée de la cour. Ici le portique du début de l'allée donne directement sur le trottoir d'une très grande avenue vrombissante: quel contraste!



Le maître vient nous chercher sous le portique de l'avenue, avec à la main des éventails pour nous aérer, charmante attention fort utile car il fait encore au moins 35°. Il nous guide jusqu'à chez lui: c'est un immeuble plutôt modeste et un appart minuscule et hyper encombré. Maître pas riche ou indifférent au luxe?... Nous lui offrons une bouteille de bon vin de Bordeaux choisi par Frérot à Seijo, et le CD où j'ai enregistré de mes musiques. Peut-être aurions-nous du le payer en argent? Comme la délicatesse nipponne interdit de poser la question directement, J-L s'était fié à l'avis de l'amie qui lui a indiqué le contact, mais nous ne sommes pas sûrs de n'avoir pas commis un impair.



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Toujours est-il qu'il nous reçoit avec un enthousiasme communicatif. Sur la table (basse, avec coussins autour) il a préparé une collec impressionante de shakuachis et flûtes traversières japonais, chinois et coréens, en bambou mais aussi en bois, et j'ai passé un des plus beaux moments de ma vie, sans rire, à l'écouter parler de ces flûtes, expliquer les provenances, tenants et aboutissants. Il nous a régalés sans se faire prier de démonstrations éblouissantes des différentes techniques et interprétations pour un même morceau, selon les écoles, les époques et les circonstances.






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Lui appartient à l'école Tozan (Abe étudie selon l'école Kinko). Les deux écoles se différencient par leur répertoire, mais surtout par des doigtés et des manières différentes d'ornementer chaque note, de finir les phrases, etc... A mon oreille d'occidentale néophite, l'école Tozan se caractériserait par une impression d'interprétation très libre et moderne, utilisant beaucoup d'effets sonores comme le souffle et les glissandos. En réalité ce que je perçois comme "moderne", c'est-à-dire proche de la musique "savante" contemporaine, est la manière la plus ancienne!



J'avais essayé de poser des questions sur l'aspect spirituel de l'instrument à Abe, mais il ne se sentait pas concerné. Ce maître par contre a beaucoup parlé des sentiments que permet d'exprimer l'instrument, de son origine religieuse et du souffle (za-zen).



Il m'a laissé essayer son shakuachi en bois (je n'ai pas osé sortir le mien en plastique!) et m'a montré les diverses techniques de modulation du son. Et pour finir, il m'a donné, oui donné, une « flûte » en pierre: une pierre un peu comme un gros galet, mais percée d'un trou dans lequel on souffle pour produire un son que l'on module en baissant ou levant la tête: un glissando descendant pour appeler les dieux, un montant pour les reconduire au ciel. J'étais très touchée, c'est le moins qu'on puisse dire!






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Repartis sur un petit nuage de bonheur, Frérot et moi sommes allés dans un petit magasin de musique spécialisé en shakuachi acheter une partition, puis nous nous sommes dirigés vers ce quartier fou qu'est Shibuya.



(... à suivre)

vendredi 7 septembre 2007

Tokyo, J3 (2): shakuachi et China Town


Retour en train: après moultes correspondances et changements, nous rejoignons Jean-Louis et le jeune Abe qui est shakuachiste et va me donner un cours.



Car mon frère à moi a fait les choses extrèmement bien et n'a pas ménagé sa peine: me sachant intéressée par la musique, et en particulier les diverses flûtes locales, il a cherché sur internet des musiciens susceptibles de m'initier à quelques instruments traditionnels. Et il en a trouvé. Voici donc le premier de la série: un étudiant déjà bien aguerri et très partant pour rencontrer du monde tous azimuts, ce qui n'est pas le cas de tous les japonais souvent assez timorés envers les étrangers.



Abe:



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Il nous emmène dans un quartier bizarre, mais en fait très courant: enchevêtrement de petites maisons plus en moins en tôle ondulée, plastique et bois, avec clims pendouillantes, fils électriques douteux, petites cours... Et nous arrivons au final dans la cour d'un temple où le gardien lui donne la clé d'un local en bois qui ferait penser à un vieux local scout! Sauf que la salle ne contient que des coussins plats, des ventilateurs et des pancartes encadrées écrites en japonais. Tout est fermé par des panneaux, je ne sais pas s'il y a des vitres ou pas! Il n'y a pas de clim, c'est assez étouffant. Heureusement nous avons apporté de cette boisson miraculeuse qu'est le thé japonais vert, froid et sans sucre, la plus désaltérante que j'aie jamais bue.



Et là encore je suis confrontée à un mystère dans les toilettes, où quand on tire la chasse un robinet coule dans le couvercle du réservoir, couvercle en forme de cuvette avec un trou au fond, l'eau finit donc dans le réservoir de la chasse d'eau mais je ne sais pas si on a le droit de s'y laver les mains (je le fais quand même), et il n'y a rien pour les sécher et je n'ai pas encore intégré le coup de la petite serviette que je n'ai pas sur moi bien sûr.



Mais bon, ma robe séchera vite par cette chaleur!



Et voilà, je prends mon premier cours de shakuachi. Jean-Louis m'ayant fourni un instrument (en plastique, pour débutant, telle la flûte à bec pour collégiens), je peux m'époumonner. En fait je m'étais un peu entraînée hier avec peu de résultats, et grâce à Abe j'arrive à sortir les 5 notes de base!



Satoko essaye aussi et n'en sort que deux. Jean-Louis n'essaye même pas, occupé comme d'habitude à mitrailler comme un fou! C'est grâce à lui que je peux illustrer mes propos:



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Abe nous montre des partitions, et je tombe amoureuse de leur esthétisme!



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Chaque signe représente une note, les gribouillis à côté indiquent quelle action on doit appliquer à la note, à savoir: effleurer un trou pour faire glisser le son, bouger la tête pour obtenir un vibrato, ajouter de l'air, etc... C'est un peu complexe mais en fait l'essentiel de l'enseignement se fait oralement, on imite le maître et on connait les morceaux par coeur.



Après l'effort le réconfort, Jean-Louis emmène tout le monde à la China Town tokyoïte finir la soirée dans un bon restau chinois, ça change! Satoko et Abe qui ne se connaissaient pas, sont devenus copains comme cochons. Ici, devant le grand temple chinois, très différent des temples japonais avec tous ses dragons:



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(...à suivre)

mercredi 5 septembre 2007

Tokyo 07, J3 (1)


Ce matin on se lève tôt. De toutes les façons je suis réveillée depuis 3 heures du matin. Il fait une chaleur à crever, Frérot se lève à 5h30 car il travaille!


C'est donc Haru qui m'emmène en train jusqu'à Yokohama rejoindre une jeune fille qui me servira de guide et d'interprète toute la journée. Elle s'appelle Satoko, a 24 ans, travaille en tant qu'interprète et a passé un an en France. Elle est super sympa et son accent est charmant.


Sa mission, dont elle s'acquittera à merveille, est de m'emmener à (et de me ramener de) Kamakura par une ligne de train qui longe la côte. Il y a beaucoup de touristes (mais quasiment aucun blanc), surtout des citadins qui rejoignent les plages. On les comprend...




J'observe les japonais et japonaises dans les trains, et je rectifie mon impression première: la mode pour les filles ne diffère peut-être guère fondamentalement de chez nous, mais par contre elles affichent une incroyable liberté et une grande imagination dans leurs tenues: robes de princesses, superpositions de couleurs, de matières, dentelles, talons aiguilles improbables ou croquenots de forts des halles... et aussi tailleurs avec veste et collants par 35°. Tout ce petit monde s'occupe dans le train: maquillage, portable, papotage, simultanément si possible. Les garçons sont plus traditionnels: soit en chemise blanche-pantalon sombre, soit en baggy-T-shirt.



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Je pensais prendre ceux-ci en flagrant délit de sommeil (beaucoup de passagers dorment carrément dans les métros, quitte à s'échouer sur le voisin!) mais ils ne dormaient que d'un oeil, et l'annonce de la prochaine station les a réveillés.



Ici on peut poser son sac dans les filets à bagage qui courent tout le long du wagon sans craindre qu'on nous le fauche au premier arrêt! Les filles se baladent avec leurs sacs ouverts avec vue sur le portefeuille, sans soucis. Quand on sait qu'en plus ici on paye tout en liquide, même de grosses sommes, ça laisse rêveur!



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Arrivées à Kamakura, nous montons vers le site du Grand Bouddha. Satoko me fait passer par une rue commerçante, et c'est le moins qu'on puisse dire! On se croirait dans une "rue de la plage" sur la côte. Fringues, glaces, bijoux, boissons, artisanat... il y en a pour tous les goûts.



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Le Grand Bouddha (11m de haut tout de même) et ma guide (1m60) . Il est creux! Et le dedans se visite aussi.



Et bien sûr, derrière, le petit jardin super joli qui va bien:



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En redescendant vers la gare, nous bifurquons vers le temple de Hase-dera, magnifique suite de bâtiments enchâssés dans un jardin fleuri.


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Non, je n'aime pas me faire photographier devant les monuments, mais ma gentille guide ne pouvait pas le comprendre!



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Nous mangeons dans un restaurant dont la baie vitrée domine toute la baie de Kamakura. Il fait un temps splendide bien que terriblement chaud. Je me galère avec mes baguettes et des soba très longues qu'il faut tremper dans le petit bol de sauce avant de les manger.

Etrangeté japonaise: pour manger des sobas ou autres nouilles longues, tout le monde aspire très bruyamment. Eh non, ils ne sont pas malpolis, c'est comme ça... Et moi je n'arrive pas à aspirer, bruyamment ou non! Coinçage culturel. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air en enfournant tout ça comme du foin dans une grange, c'est peut-être le comble de l'impolitesse?



Nous reprenons le train pour une station vers le centre ville de Kamakura, et nous rejoignons un troisième temple: Tsurugoaka-Hachiman-gu, en empruntant une large avenue dont le milieu est réservé aux piétons: c'est une allée de terre bordée de cerisiers et d'azalées, avec des portiques énormes.

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Il y a plusieurs bâtiments successifs, et dans celui du haut un moine joue du tambour (?).


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Un abri tout en longueur sur le côté contient une quantité de bonbonnes, et Satoko m'explique que ce sont des bonbonnes de saké! Des dons des fabriques pour le sanctuaire... Elles restent exposées un an (avec le nom du donateur puisque la marque apparaît bien visible), puis elles sont bues!

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Et alors que le soleil baisse enfin, une dernière balade dans les jardins du temple, parmi les nénuphars, les petits ponts, les azalées et les banderolles de voeux flottantes...

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lundi 3 septembre 2007

Tokyo 07, J2 (2)

Machida, toujours. Nous rejoignons Haru chez sa soeur Fumi, son mari et ses enfants (pour l'instant, Mina seulement). Les "enfants" sont très adultes (30 ans?), travaillent tous deux mais vivent chez leurs parents puisqu'ils ne sont pas mariés, là-bas c'est comme ça.


Maisonnette, jardinet de poupée, l'espace est réduit mais confortable. Dans les chambres les placards sont pleins et les choses en plus sont rangées dans des cartons et des sacs en papier posés par terre. Dans le bureau du père on ne peut pas mettre un pied devant l'autre, je ne sais pas comment il atteint son ordinateur! La chambre de la fille est remplie de peluches et autres mignonneries! Etrange...



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Voici la pièce traditionnelle avec tatami, table basse, coussins. Dans le coin à gauche, c'est un buffet (autel?) consacré aux ancêtres: à l'intérieur deux bougies et trois blocs de bois gravés qui représentent les parents décédés. La pièce n'est utilisée qu'exceptionnellement, et alors on ouvre les portes du buffet pour faire participer les ancêtres.



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J'avais apporté un paquet de bonbons toulousains à la violette: on les pose devant les ancêtres, on s'incline devant et seulement ensuite on reprend le paquet pour l'ouvrir et manger.


Tout ceci très joyeusement, sans nostalgie aucune. Je ne pense pas que cette famille soit très pratiquante mais le souvenir est respecté!



Ci-dessous, les bonbons à la violette sont par contre dégustés avec beaucoup de recueillement, pourtant ils doivent paraître terriblement sucrés à leur palais!


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Passage dans un magasin d'alimentation. Tout est hygiéniquement pré-emballé, on peut tripoter proprement! Haru me montre à quoi ressemblent les légumes que je n'ai vus hier qu'en petits morceaux.


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Puis, au dernier étage du même bâtiment, nous nous attablons dans un restaurant de tofu:



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Le serveur sert le saké dans un petit verre lui-même posé dans une boîte étanche car il le remplit jusqu'à ce que ça déborde généreusement! Quand le verre est fini on boit ce qu'il y a dans la boîte...


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(à suivre...)

Tokyo 07, J2 (1)


Première nuit japonaise: j'ai courageusement décliné l'offre de brancher la clim dans ma chambre et je le regrette! Il doit faire dans les 30° et je transpire comme jamais. Par contre je souffre peu du décalage horaire (7 heures d'avance) et si mes nuits sont courtes ou interrompues mes journées me verront bien réveillée!






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Premier musée: Setagaya Art Museum, une expo d'une collection privée.



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Ce sont essentiellement des poteries.



Je ne suis pas connaisseuse, aussi je suis plus touchée par les carnets du collectionneur: de beaux cahiers anciens couverts de dessins et peintures des objets exposés, avec beaucoup de commentaires calligraphiés au pinceau: des objets d'art en eux-mêmes!



Ce premier musée sera aussi l'occasion de mon premier trajet en taxi: chauffeur en gants blancs, petits couvre-appui-têtes blancs en dentelle de crochet; beaucoup d'explications nécessaires car bien que Tokyo soit une mégapole ultra moderne, beaucoup de rues n'ont pas de nom, ni de maisons de numéro. Il faut savoir où on va, en gros, ou ne pas s'inquiéter quand le taxi tourne en rond... Passées les grandes avenues, les rues sont minuscules: pas de trottoir mais des lignes blanches sur les côtés pour délimiter un tant soit peu la place des piétons et des cyclistes (même espace), mais pour se croiser les voitures doivent se garer sur cet espace.



Ce matin-là il fait 36°, le soleil brille, il y a la clim partout (musées, taxis, maisons...), les cigales m'assourdissent encore (mon frère ne les entend plus depuis longtemps...); j'ai perdu mes lunettes de soleil Ray Ban (!?!) achetées en Egypte, j'en achète des Calvin Klein chez un opticien du cru: nuée de vendeurs et vendeuses, courbettes, conseils, remerciements, flot de paroles (juste des politesses paraît-il), re courbettes, présentation des lunettes, de l'étui, du petit chiffon, de la monnaie,... sur des petits plateaux, avec force courbettes à chaque fois: je m'y mets aussi, n'ayant que ce langage à ma portée, mais je le fais bien, ça c'est sûr.









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L'après-midi: deuxième musée (voir ci-dessus) à Machida, autrefois autre ville et à présent inclue dans la capitale.



Cette fois ce sont des gravures: estampes et images, et en fait d'estampes japonaises, nous avons la surprise de trouver un grand fond de gravures... françaises: gravures des temples égyptiens de l'expédition de Napoléon; images d'Epinal et autres Toulouse-Lautrec... et puis: imagiers de livres d'histoire naturelle anglais; livres d'images pour enfants comme ceux de nos grands-parents. Bref, très intéressant mais pas très exotique! Nous voyons tout de même quelques Hiroshige et Hokusai, ouf!



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(à suivre...)

Tokyo 07: voyage aller et arrivée (suite)






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Drôle de bête n'est-ce pas? C'est un blaireau (tanuki) qui nous accueille à l'entrée du groupe de maisons où Jean-Louis habite. Il porte une jarre et un étui (le blaireau, pas mon frère) et symbolise la prospérité. J'en ai vu des petites statues dans plusieurs jardins.


J-L habite à Seijo, quartier chic, une maison immense par rapport à la norme, et occidentale, c'est-à-dire avec cuisine intégrée et salle de bains avec baignoire et deux lavabos. J'ai eu l'occasion de voir une salle de bains traditionnelle, en effet ça n'a rien à voir puisqu'on se lave à côté de la baignoire (où on ne trempe que propre) en se versant de l'eau à partir de bassines, un peu comme dans les hammams traditionnels, avec le sol conçu pour être éclaboussé, c'est-à-dire étanche et incliné vers une grille d'évacuation.



Cette petite vidéo, si elle fonctionne, est là pour le son, et est prise depuis ma chambre. Car ce qui me frappe en cette première journée, c'est le raffut incroyable que font des centaines et des milliers de cigales perchées sur tous les arbres, et des arbres, il y en a!



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Et voici mon premier repas japonais. J'adore: plein de petits bols, petites assiettes de poupée avec des petites quantités mais à force ça cale très très bien. Je ne sais pas trop ce que je mange, parfois. Des légumes inconnus, des pâtes étranges, des trucs au thé vert, aux haricots rouges sucrés, des sauces trop bonnes mais faites de quoi? Des algues salées, sucrées, vertes, transparentes... Toujours est-il que je me régale, et sans retenue car les plats ne sont pas gras ni les desserts sucrés. Haru fait super bien la cuisine!


Je mange avec des baguettes bien sûr, mais je m'étais entraînée de longue date, quand je pensais encore aller d'abord en Chine...


à suivre...