mardi 25 septembre 2007

Tokyo 07, J5


Vendredi 17 août: il fait toujours plus de 35°, mais bravant chaleur, sueur et soif, j'assume le programme prévu: visite des principaux jardins de Tokyo. Sauf le dernier, parce que trop c'est trop tout de même!


Rikugien: le jardin des 6 poésies! Typique de la période Edo, ce jardin représente les 88 miniatures décrites dans le Waka (poésie classique classifiée en 6 catégories). Bien sûr l'essentiel du comment et du pourquoi m'échappe, mais le jardin est splendide avec ses petites îles, ses chemins serpentant sous de magnifiques et immenses arbres, ses petits ponts de bois, ses tortues, ses maisons de thé d'un autre temps.



Hélas je n'avais pas vu que le réglage de mon appareil photo n'était plus sur "auto" mais sur je ne sais quoi qui fait que mes photos sont vertes, glauques, striées, bref, ratées. Je vous en montre quand même une ou deux...



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Ci-dessus ma guide Kiriko, étudiante en français !!! Nous avons parlé un mélange terrifiant de français, d'anglais et de japonais avec gestes pour aider... sa prononciation du français était incompréhensible pour moi, et la mienne pour elle: il a fallu mettre tous les verbes à l'infinitif, beaucoup user du traducteur de poche et faire beaucoup de gestes. Elle a paru très surprise de l'étendue du désastre alors qu'elle allait partir une semaine en France en septembre!


Mais bon, on a bien rigolé.



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Voici un thé, vert, moussu et glacé à souhait, avec des "gâteaux", c'est-à-dire des petites boules faites de pâte d'haricot rouge sucrée entourée de... euh... gluten de blé? C'est très bon, si si. On oublie vite le goût du sucré ici: c'est l'antipode des pâtisseries orientales! En tout cas on peut y aller sans crainte pour la ligne, d'autant plus que les portions sont plutôt congrues en général....

Ensuite nous prenons un taxi pour le jardin botanique de Jindai. Le chauffeur de taxi s'emmêle les crayons et se trompe de jardin. Et il fait ce que bien peu de chauffeurs de taxi français feraient avec une petite jeune fille et une étrangère qui ne comprend rien comme clientes: il bloque son compteur et repart dans l'autre sens! Nous ne paierons que le forfait de prise en charge (660 yens). Je remarque aussi son absence totale de morgue, de mouvement d'humeur, de supériorité, de haussement de sourcils ou quoi que ce soit. Il parle calmement avec Kiriko d'égal à égal sans lui faire sentir qu'elle est une jeune fille, sans regard appuyé ni rien de ce à quoi nous sommes trop habituées, nous autres françaises. Mais pourquoi les japonaises aiment-elles tant la France, même après en avoir expérimenté tous les aspects désagréables?


Au jardin botanique de l'Université, Kiriko m'emmène tout droit vers le "pommier de Newton", en fait un petit pommier bien banal mais "descendant de celui de Newton", et sans une seule pomme en plein mois d'août ce qui n'a l'air de choquer personne. Tout le monde le photographie, pas moi. Pffeuh!

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Nous déambulons longuement mais il fait très chaud, ce n'est pas la meilleure saison pour les floraisons et les arbres magnifiques sont tellement grands que les photos (j'ai remis le réglage sur "auto") sont à nouveau nulles. Ce qui d'ailleurs est un problème partout à Tokyo: les arbres sont immenses et magnifiques, les photos ne donnent pas grand chose! Donc je regarde, je regarde, je regarde. Ci-dessus: des bambous, bien sûr!

Nous décidons de faire l'impasse sur le troisième jardin prévu (le jardin impérial), ce qui arrivera d'autres fois: je suis repartie sans l'avoir vu! Je ne pense pas que ce soit bien grave.

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Et donc nous partons au musée d'Edo. C'est un musée tout neuf (?), d'architecture moderne, et qui retrace le passé d'Edo (l'ancien nom de Tokyo). J'ai beaucoup aimé. Ce musée contient des reproductions grandeur nature d'une maison traditionnelle, d'un théâtre de Kabuki, et au dernier étage, du pont d'Edo sur la Sumida: "Nihonbashi" (=pont japonais), construit en 1603, détruit et reconstruit plusieurs fois, et qui relie là deux mezzanines du musée en passant au-dessus de la salle d'expo de l'étage inférieur, celui où il y a les bâtiments grandeur nature justement. Remarquable.

Tout le musée regorge d'objets traditionnels classés par catégorie d'activités, de maquettes, de scènes reconstituées, c'est d'une richesse historique incroyable. Je n'ai pas eu assez de temps pour tout visiter et je le regrette beaucoup.


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Ci-dessus: une petite partie de la maquette d'Edo, avec Nihonbashi que l'on retrouve aussi dans nombre d'estampes.


Puis nous partons à la rencontre de Jean-Louis à une station de train-métro juste devant une sorte de grande halle des sports:

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Des groupes d'enfants en sortent en tenue de sport: chaque groupe a son uniforme et reste bien groupé, ils forment des queues calmes devant chaque portillon de métro, ça fait joli: premier portillon avec les blanc/rouges, deuxième avec les bleu/blanc, troisième avec les vert/... etc... C'est un spectacle peu familier pour moi!

Par contre nous cherchons un coffee-shop non enfumé et ça s'avère difficile: nous nous retrouvons dans un salon de thé chicos et trop climatisé, avec nappe et serviettes de coton blanc ainsi que les gants du serveur, et café tarabiscoté: petit plateau, crème comme ci, crème comme ça, on n'en demandait pas tant surtout pour le tarif...

Nous faisons nos adieux à Kiriko et nous dirigeons vers le National Noh Theater:

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C'est un endroit magnifique, bâtiment moderne dans un jardin très japonais. Ci-dessous, la salle. Toutes les scènes de théâtre sont construites comme ça: la scène fait comme une maison ouverte, et il y a sur le côté une longue rampe couverte où les acteurs font leurs lentes et longues entrées. Sur le balcon à droite se tiennent les musiciens: tambours variés, chant, flûte. Au fond se tiennent deux (en général) musiciens-chanteurs (ça ressemble plus à des cris qu'à des chants) et un type qui surveille si tout se passe bien, immobile et à genoux. C'est lui qui va éventuellement bouger des éléments du décor, ou plutôt l'élément unique du décor, et intervenir si la ceinture de l'acteur se dénoue ou autre incident.



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Les entrées et les sorties des acteurs et musiciens se font dans le plus grand silence et très lentement, les applaudissement sont toujours courts, sans rapport avec l'appréciation du public: à ça aussi il faut s'habituer!


Dans cette salle moderne, un petit écran est intégré dans chaque dossier où on peut suivre la traduction en temps réel, en japonais ou en anglais. Oui, en japonais aussi car les textes sont en japonais ancien, difficile à comprendre.


J'assiste donc à un Kyogen de 20mn, sorte de Noh plus "populaire" et "amusant" (mais on est bien loin du théâtre de boulevard!) et après un entracte, à un Noh traditionnel, pas très long (1h40?). Les horaires de début et de fin sont indiqués très précisément dans le programme, et respectés! La représentation débute à 18h30, ce qui est la norme là-bas, ce qui me semble très appréciable, d'autant plus qu'on a le droit de manger dans la salle pendant l'entracte! A ce moment entrent en scène les repas en boîte, très jolis et très efficaces. Et le retour à la maison se fait à une heure raisonnable.


Le Noh, eh bien... c'est pour le moins surprenant pour une première fois. Une petite illustration valant mieux qu'une grande explication, voici une vidéo trouvée sur You Tube qui me semble assez parlante, bien que la scène filmée soit particulièrement dansée et animée par rapport à ce que j'ai vu.



La vidéo se trouve sur la note suivante (donc en haut, faut suivre, là un peu!) parce que je ne sais pas la rapatrier ici et j'en ai raz-le-pompon de ces micmacs compliqués pour arriver à mettre des sons chez blogspot, des vidéos chez blogspirit, 'peuvent pas se donner le mot pour nous simplifier entièrement la vie?


Ce qui me surprend le plus en fait, c'est la superposition et l'autonomie des groupes: d'une part les musiciens qui créent l'ambiance de fond, et d'autre part les acteurs qui dansent et/ou parlent. Chaque groupe agit sans s'inquiéter d'intervenir en même temps que l'autre, ou pas.


Quant au style, à la manière de déclamer, de chanter, à la lenteur, eh bien sans parler de vraiment comprendre, l'habitude est vite prise, passée la première pensée pour le fou-rire qui prendrait un groupe de spectateurs occidentaux non prévenus! Il y a dans la salle des gens qui connaissent la moindre réplique, le moindre "air" par coeur, comme chez les amateurs d'opéra. Il y en a aussi qui piquent du nez, ce qui n'est pas du tout source de honte! Toute une éducation...



Moi j'ai bien apprécié, j'ai même acheté un DVD en sortant. Rentrée à la maison j'en ai écouté un partie: c'était déjà moins évident. Quant à expliquer à Christian ce que j'aime là-dedans...

(...à suivre)






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